Je pense que j’ai dû lire pour la première fois La Grande Crevasse lorsque j’étais adolescente. Ce livre fait également partie d’un léger vol, à mon départ du cocon familial pour prendre mon indépendance, puisqu’il appartenait à mon papa. Depuis ma jeunesse, je l’ai relu une dizaine de fois. Frison Roche met des mots sur les émotions que je ressens lorsque je suis en montagne. Je suis également très fleur -bleue et l’histoire d’amour entre Zian et Brigitte serre mon petit coeur tout mou lorsque je la lis. 

Enfant, nous passions une partie des vacances scolaires en Suisse pour faire de la randonnée. J’adorais ces vacances. C’était pour moi également un moment privilégié avec mon papa avec qui on crapahutait en divers endroits. Dans ces moments là, je me sentais la grande de la famille et j’étais fière de lui prouver que je parvenais comme lui à rejoindre tous ses merveilleux endroits. Mes parents et les amis avec qui on partait à l’époque m’ont appris les codes de la montagne et surtout à la respecter. Je crois que ce livre cultivait donc mon lien avec la montagne en attendant  chaque retour à la montagne. 

Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que ce livre faisait partie d’une trilogie (Premier de Cordée, La Grande Crevasse & Retour à la montagne) même si il peut vraiment être lu et vu comme une histoire unique. 

Aujourd’hui, en relisant ce livre et parce qu’à présent je connais les lieux identifiés, j’ai des envies de nouvelles randonnées : le Refuge du Couvercle & le Mont Blanc. Je sais qu’un jour, je vous les partagerai dans un article en faisant référence à cet article. Il faut croire en ses rêves pour finir par les réaliser :-).  

POUR L’HISTOIRE

Quelques mots sur Frison Roche … La vie de Roger Frison Roche fut très riche tant en tant que guide qu’écrivain. Ceci n’est qu’un résumé très succinct de sa vie. Roger Frison Roche est né à Paris en 1906 mais est issu d’une famille savoyarde. Il quitte la capitale à 17 ans pour devenir alpiniste et guide à Chamonix en France. Il écrit des articles pour divers journaux. Il s’installe à Alger comme journaliste et écrit Premier de Cordée en 1938. Ce roman rencontrera un franc succès. La Savoie continue de l’inspirer avec les romans La Grande Crevasse et Retour à la montagne mais le Sahara occupe une place importante dans ses récits suivants : La Piste oubliée, La montagne aux écritures & le rendez-vous d’Essendilène. 

Mon avis sur la Grande Crevasse

Ma version imprimée de ce livre a tellement vécu que le papier sent le vieux parchemin mais il n’y a de vieux que le papier car l’histoire bien qu’ayant été écrite en 1948 n’a pas vieilli ou à peine pour quelques références. Et si on est novice dans la pratique de l’alpinisme, cela passe crème.  

Ce récit est divisé en deux parties, dont l’ambiance est radicalement différente. 

Pour la première, on y rencontre Zian, ce chef de l’école d’escalade qui fait découvrir les principes d’alpinisme à ses élèves de différents niveaux. Et puis, il y a cet échange avec cette riche touriste : Brigitte, fille d’un baron. Elle a tout pour l’énerver puisqu’elle se moque d’un élève en difficulté contre la paroi. Mais lors de la soirée des guides de Chamonix, elle rompt sa carapace et sa rancoeur en l’invitant à danser. 

Par intérêt pour l’homme qu’est Zian, elle s’inscrit à l’école d’escalade et elle démontre de bonnes aptitudes à l’alpinisme. Elle attire son attention et il décide de brûler avec elle toutes les étapes en lui faisant découvrir la montagne qu’il aime. En montagne, elle n’est plus la femme futile de la vallée. Elle est cette femme au pied sure prête à relever tous les défis. 

Roger Frison Roche exprime avec des mots juste ce que je ressens et dont j’ai besoin lorsque je suis en montagne. On marche en silence, on observe ce qui nous entoure les fleurs – les rochers – les animaux. Déjà en 1948, Frison Roche décrit la Mer de Glace et les glaciers comme des lieux ressemblant davantage à de la roche qu’à de la glace et le réchauffement climatique est encore loin d’être ce qu’il est devenu aujourd’hui.  

Zian s’anime dès qu’il atteint les sommets et transmet son amour de la montagne à cette cliente, pour laquelle il prend quelques risques et ce uniquement dans le but de vivre ces moments uniquement à deux, enfin trois avec la montagne. 

Cet Amour est une histoire à trois entre Zian, Brigitte et la montagne. En tant que femme, et si on aime randonner, on ne peut que s’imaginer aller de course en course à la conquête des sommets et de cet homme. Je me mets à rêver du Refuge du Couvercle et du Mont Blanc…, vous en conviendrez cela ne coûte rien de les mettre sur ma To Do List. 

Zian fait découvrir à Brigitte la montagne qu’il aime, les sommets qui l’apaisent.Ils contiennent leur amour jusqu’ à leur ascension du Mont Blanc où Zian déclare que la vérité doit éclore au delà de 4000 m.  Cette première partie est pleine d’espoir, l’espoir que tout est possible : l’amour entre un guide et une touriste, l’atteinte de tous les sommets. 

Mais la deuxième partie est incontestablement là pour nous faire atterrir. La vie à la montagne n’est pas que source de plaisir. Il est difficile de s’acclimater – de s’intégrer dans une région qui n’est pas la nôtre. 

Les hommes exercent plusieurs métiers pour pouvoir gagner leur vie : guide, faucheur, moniteur de ski, coupeur de bois… Les femmes à cette époque attendent le retour de leur homme et veillent sur le bien -être de ceux-ci. Mais pas Brigitte, elle n’a pas été éduquée de la sorte. Zian lui fait tout ce qu’il peut dans la limite de ses moyens pour rendre sa femme heureuse. Elle a énormément de mal à comprendre ses horaires, les contrats qu’il prend. Elle se sent seule et jalouse ses clients qui ont la chance de vivre les courses qu’elle même aimerait faire avec son mari. 

Alors quand l’opportunité est rendue possible les parents de la jeune fille font tout pour la rappeler à eux et lui faire reprendre le train de vie qu’elle aimait temps. Elle voyage et ne rejoint pas son homme alors que son contrat touche à sa fin. Elle s’éloigne, de lui et des montagnes. 

Tous deux sont malheureux, chacun là où il est. Mais lui, il sait où trouver l’apaisement, dans ses montagnes. Il lui manque et elle ouvre enfin les yeux sur le stratagème de ses parents lorsqu’ils la poussent à rencontrer d’autres hommes. Alors il va là où il oublie, jusqu’à ce terrible accident…  

La montagne est sans conteste l’héroïne de cette seconde partie, quoi qu’il se passe elle gagne toujours ! On souffre avec lui sur son amour parti si loin et dans la douleur de sa chute. La montagne, cette fois, on l’aime et on la déteste aussi un peu…  

 

TITRE complet : La Grande Crevasse
AUTEUR : Frison Roche
EDITIONS : Livre de Poche                                                          > ANNEE : 1948
PAGES : 318

> RESUME: version résumée 

Ce livre c’est l’histoire de Zian, un guide et de Brigitte, une riche touriste. Mais c’est avant tout une histoire au coeur de la montagne dans la vallée de Chamonix. L’amour d’un couple, l’amour d’un lieu. 

Si vous souhaitez en savoir plus, découvrez la version longue  

En 1948, on avait le sens du détail pour les 4e de couverture 🙂

Sur la falaise des Gaillands, près de Chamonix, où évolue l’école d’escalade, le gros apprenti alpiniste qui vient de manquer sa prise oscille comme un hanneton au bout d’un fil et Brigitte Collonges éclate de rire – à la fureur légitime du chef de l’école, le jeune guide Zian Mappaz, dont l’élève est en réelle difficulté. Il se promet de tancer la moqueuse si jamais il la retrouve sur son chemin.

Le soir même, il la revoit à la Fête des guides où elle lui présente avec grâce ses excuses. Elle s’inscrit à l’école et Zian, toute rancune envolée, lui insuffle patiemment sa science de grimpeur, son amour de la montagne et l’entraîne pour des courses de plus en plus difficiles. Ils forment une bonne équipe qu’ils décident de ne plus dissocier. Leur mariage n’est apprécié ni par les riches parents de Brigitte ni par les Chamoniards. Quand Zian reprend sa vie de guide, Brigitte supporte mal la solitude dans un village hostile – et à part. 

Reviendra-t-elle ?  Désorienté, inquiet sur leur avenir, Zian va chercher en altitude l’apaisement de ses soucis. Et, dans un passage facile, c’est l’accident. 

L’air vif des hauteurs court à travers ce roman dont les héros sont les neiges  et les glaces alpines plus encore que Zian et Brigitte dont l’aventure a son écho et son prolongement dans Retour à la montagne, la suite de la Grande Crevasse. 

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